31 mai 2004

1er juin 1944

En Allemagne, Hitler retire le contrôle du service de renseignements (Abwehr) à la Wehrmacht. Son chef, l’amiral Canaris, est démis de ses fonctions et toutes les activités du service de renseignements sont maintenant entre les mains du leader SS Heinrich Himmler. Canaris conspirait clandestinement contre Hitler.

En Italie, la 5ème armée américaine avance vers Rome. Les 2ème corps et 6ème corps d’armée américains tirent avantage de la capture de Velletri et avancent par les monts Hills, en direction d’Albano et de Valmonte. Kesselring ordonne le retrait du groupe d’armées C au nord de Rome suite à la brèche dans la ligne César. L’arrière-garde allemande retarde la progression des Américains.

Sur le front de l’Est, les Allemands poursuivent leur attaque près de Jassy. Des éléments de la 2ème armée soviétique du front ukrainien contre-attaquent et reprennent possession du terrain perdu lors de récents combats.

En Méditerranée, un convoi allemand en route pour Crête et partant de la Grèce occupée est attaqué par des avions de la RAF. Plusieurs navires sont coulés.

De Londres, dans la soirée, la BBC diffuse le premier message codé avertissant la résistance française qu’une invasion est imminente. Les Allemands se rendent compte de l’importance du message et alerte certaines unités en France occupée.

Eisenhower reçoit la visite de Churchill qui vient voir le commandant en chef pour lui demander une faveur. Il veut faire partie de l’invasion à bord du HMS Belfast. Eisenhower lui explique qu’il ne peut acquiescer à sa demande, il ne peut prendre le risque de perdre Churchill, il a trop de valeur pour les Alliés. Churchill rétorque que même si Eisenhower a le commandement opérationnel de toutes les forces, il n’est pas responsable administrativement de la composition des équipages. C’est en effet la vérité, Churchill peut s’inscrire sur n’importe quel navire de sa Majesté sans qu’il puisse intervenir. Eisenhower avoue mais indique au premier ministre qu’ainsi il rendra son fardeau encore plus lourd à porter. Churchill lui répond qu’il le fera tout de même. Eisenhower demande à son chef d’état-major, le général Smith, d’appeler le roi Georges VI pour lui expliquer le problème; le roi répond à Smith : « Les gars, laissez-moi m’occuper de Winston. »

En France occupée, Le général allemand Rommel consulte les tables des lunes et marées et déclare qu’il n’y a aucune bonne marée pour une invasion avant le 20 juin (selon lui une bonne marée pour une invasion doit être haute à l’aube).

Le général allemand Erich Marchs, commandant du 54ème corps d’armée campé sur le littoral du Calvados, se rend à Arromanches. Observant la mer au loin, il dit à un capitaine à ses côtés :

« Je connais bien les britanniques, ils iront à l’église dimanche prochain pour la dernière fois et ils prendront la mer le lundi (5 juin). Le groupe d’armées B nous a dit qu’il ne viendrait pas maintenant et que si il vient, il stationnera à Calais. Alors je crois que nous allons accueillir les Alliés lundi, ici. »

30 mai 2004

31 mai 1944

En Italie, le 1er corps d’armée canadien capture Frosinone, le 10ème corps britannique s’empare de Sora. Aux environs d’Anzio, les forces du 6ème corps américain capture Velletri et Monte Artemiso alors que d’autres éléments attaquent Albano. La perte de Velletri déséquilibre la ligne de défense César des Allemands.

En France occupée, le pont Highway de Rouen est l’objectif du 386ème groupe de l’armée de l’air. Le résultat des bombardements par les B-26 est passablement bon.

En Angleterre, l’embarquement pour l’assaut débute, d’ouest en est, de Falmouth et Fowey pour la 29ème division américaine; de Darmouth, Torquay et Exmouth pour la 4ème division américaine; de Weymouth et Portland pour la 1ère division américaine; de Southampton pour la 50ème division britannique et la 3ème division canadienne. Ceux qui sont éloignés des quais sont amenés en autobus ou en camion, ceux qui sont près des ports se regroupent en escadrons, sections et compagnies pour marcher. Tout est en mouvement, les jeeps, camions, les grosses pièces d’artillerie, chars, semi-chenillés, motocyclettes et bicyclettes. Les badauds s’assemblent le long des rues pour observer la procession apparemment infinie.

La mort préoccupe plusieurs des hommes, peu parlent entre eux, les blagues sont absentes. Ils se sentent plus près des uns des autres que jamais auparavant. Les troupes envahissent les docks, il y a des gens partout, les prêtres sont à l’apogée de leur gloire, on voit même des juifs se rendre communier. Tous sont morts de peur.

Pour certains hommes, l’attente casse leur peur, ils sont impatients de partir, le niveau d’excitation est écrasant. Le Haut commandement allié a amené délibérément ces hommes jusqu’à leur plus haut niveau d’empressement à se lancer dans la bataille, mentalement et physiquement. Certains d’entre eux s’entraînent pour ce moment depuis 2 ans et sont avec les mêmes personnes de leur escadron ou section depuis le premier jour. Ils ont partagé les travaux pénibles et les exercices exigeants, ont détesté ou aimé leur chef, ont mangé ensemble, dormi dans les mêmes trous de souris pendant les manœuvres, se sont soûlés ensemble. Ils forment maintenant une famille, se connaissent intimement et savent ce qu’ils aiment ou ce qu’ils sentent.

Peu d’entre eux sont ici par choix, seuls quelque uns ont une passion patriotique qu’ils partagent, mais tous préfèreraient mourir que de laisser tomber un compatriote. De tout ce que leur a apporté la période d’entraînement, cette solidarité de groupe est la plus importante.

Certains commandants rassemblent leurs hommes pour un dernier entretien avant qu’ils n’embarquent dans leurs navires de transport. Le commandant du 115ème régiment, le colonel Eugene Slappey, jette un regard aux têtes rasées, retire son casque, gratte son crâne chauve et déclare, « Vous avez eu une bonne idée, c’est beaucoup plus propre, mais je n’ai jamais réalisé que je me préparais pour une invasion. » Après les rires, il devient sérieux et parle à ses hommes comme à des fils, « Nous ne pouvons en faire plus pour l’instant. Le succès de l’invasion dépend de vous. Nous nous sommes longuement préparés, j’aimerais que vous sachiez combien de préparatifs ont été investis dans cette affaire. C’est le plus formidable effort militaire que ce monde ait connu, et vous en connaissez tous les enjeux, le cours de l’histoire dépend de notre succès. C’est une grande satisfaction que de savoir qu’aucune autre unité n’a été mieux préparée pour aller au combat, voilà pourquoi nous avons obtenu ce travail. Je vous retrouverai en France. »

Le général Patton s’adresse à la 6ème division blindée de la 3ème armée, son discours débute ainsi, « Aujourd’hui, je veux que vous vous rappeliez qu’aucun bâtard n’a jamais gagné une guerre en mourant pour son pays. Vous la gagnez en vous assurant que l’autre pauvre bâtard meurt pour son pays. » Et il termine son discours ainsi, « Il y a une chose que vous serez en mesure de dire lorsque vous rentrerez à la maison et vous pouvez remercier Dieu pour cela, dans trente ans lorsque vous serez assis au coin du feu avec votre petit fils sur les genoux et qu’il vous demandera : Qu’avez-vous fait durant la formidable seconde guerre mondiale ? Vous n’aurez pas à lui dire : et bien j’ai pelleté de la merde en Louisiane. Voilà, vous tous fils de putes, vous savez comment je me sens…je serai fier de mener des gars si extraordinaires à la bataille, n’importe quand, n’importe où. C’est tout.»

Le général Bradley rassemble près d’un millier d’officiers dans un vaste hangar d’avions, les officiers généraux dans la tribune, les colonels dans les sièges de la première rangée et les lieutenants à l’arrière. Le brigadier général Théodore Roosevelt fils est l’assistant en commandement de la 4ème division, à cause de son âge, 56 ans, et de sa condition physique (son cœur est malade), il a été forcé d’accepter toutes sortes de dispenses et d’ordres spéciaux, mais s’est défendu pour avoir la permission de débarquer sur la plage Utah avec les premières vagues d’assaut. Il a obtenu ce qu’il voulait, il est assis dans la tribune avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

Bradley débute, « Gentlemen, ce sera le plus grand spectacle du monde, vous avez l’honneur d’être aux premières loges. » Roosevelt fronce les sourcils, secoue sa tête et dans un profond chuchotement se dit, « Au diable! Nous ne sommes pas aux premières loges! Nous sommes sur le gril! » L’acoustique du hangar est telle que chacun l’entend, et une éruption de rires s’ensuit et abaisse la tension. Bradley grimace et poursuit son laïus.

En attendant le grand jour, le soldat Bannerman écrit : « Quel effort gigantesque chaque homme doit maintenant accomplir, faire face à une chose pareille. Des hommes qui n’ont eu jusqu’à maintenant qu’une petite vie, des hommes avec peu d’éducation et peu de connaissances et sans support philosophique; des hommes en mauvaise santé, des hommes séparés, pauvres ou provenant de familles dans le besoin, des hommes qui n’ont jamais été aimés, des hommes qui n’ont jamais eu d’ambition ou désirés un nouvel ordre mondial. Malgré cela nous sommes tous ici, nous irons tous nous battre volontiers, tel qu’ordonné.

* * *

Pendant que l’embarquement se poursuit, le vice maréchal de l’air, Trafford Leigh-Mallory, qui doute depuis le début de la décision de parachuter les deux divisions aéroportées américaines dans le Cotentin, se rend voir Eisenhower à son quartier général de Southwick House, situé au nord de Portsmouth, pour protester une nouvelle fois. Le service de renseignement a découvert que les Allemands ont stationné leur 91ème division au centre du Cotentin, exactement à l’endroit prévu de parachutage du 82ème groupe aéroporté. Le 82ème groupe a déjà déplacé sa zone de parachutage plus à l’ouest pour éviter les Allemands, mais Leigh-Mallory a le sentiment que ce n’est pas suffisant.

Il dit à Eisenhower, « Nous ne devons pas aller de l’avant avec cette opération aéroportée. » Il prédit des pertes de 70 pourcent pour les planeurs et au moins de 50 pourcent dans les parachutistes, et ce avant même qu’ils atteignent sol. Il le met en garde sur ce qu’il considère être « un massacre futile » de deux excellentes divisions, futile parce que les divisions ne seront pas en mesure d’apporter une quelconque contribution à la bataille. Les envoyer dans le Cotentin n’est qu’un pur sacrifice.

Suite à cet entretien, Eisenhower se rend à sa caravane située à environ 1 mile de Southick House, afin d’y réfléchir une nouvelle fois, il est très inquiet. Il n’a besoin d’aucun expert en ce moment. Il revoit l’opération toute entière dans sa tête, puis se concentre sur la force aéroportée américaine. Il sait que s’il ignore l’avertissement de Leigh-Mallory et qu’il s’avère fondé, alors il emportera dans sa tombe l’insupportable fardeau du sacrifice aveugle de milliers de jeunes dans la fleur de l’âge. Mais il sait que s’il annule la mission aéroportée, il devra également annuler le débarquement sur la plage Utah. Si les parachutistes n’y sont pas pour s’emparer des voies de sortie pavées, la totalité de la 4ème division sera en danger. L’annulation du débarquement à Utah dérangerait considérablement le plan élaboré, mettant ainsi en danger l’opération Overlord dans son ensemble. De plus, Leigh-Mallory n’a fait qu’une prédiction et l’expérience vécue dans les actions aéroportées de Sicile et d’Italie (où Leigh-Mallory n’était pas présent, Overlord est sa première participation dans une opération aéroportée), dont les performances de 1943 étaient loin d’être parfaites, ne justifient pas l’extrême pessimisme de Leigh-Mallory.

Il sent qu’il doit engager ces deux divisions aéroportées, elles doivent capturer Ste-Mère-Église, s’emparer des voies de sortie et protéger notre flanc. Il appelle Leigh-Mallory pour lui faire part de sa décision et rédige une lettre dans laquelle il mentionne qu’il n’y a rien d’autre à faire, il faut y aller, et lui ordonne de voir à ce que ses propres doutes et son pessimisme ne se répandent pas dans les troupes.

29 mai 2004

30 mai 1944

Sur le front de l’Est, les Allemands contre-attaquent avec force des unités de la 2ème armée soviétique du front ukrainien (Konev), au nord de Jassy en Roumanie, ils obtiennent quelques gains.

En Italie, des éléments de la 8ème armée britannique capturent Arce. À Anzio, le 6ème corps américain s’approche de Velletri.

Aux Etats-Unis, le président Roosevelt donne une conférence de presse et exprime son mécontentement face à l’Espagne, qui à son avis exporte encore trop vers l’Allemagne; l’insatisfaction des américains envers le gouvernement du général Franco n’a pas changée.

En France occupée, les résistants sabotent du matériel à Decazeville Colliery. Un convoi quitte Drancy pour le camp de concentration d’Auschwitz, il transporte 534 hommes et 470 femmes.

Rundstedt, le commandant en chef de l’Ouest, rapporte à Hitler qu’il n’y a aucune indication d’une invasion imminente.

28 mai 2004

29 mai 1944

En Italie, à Anzio les troupes britanniques et américaines du 6ème corps d’armée prennent Campoleone et Carroceto. Le 1er corps d’armée canadien débute son avancée sur la route 6 de Caprano en direction de Frosinone.

Dans l’Atlantique nord, le transporteur américain Block Island et un contre-torpilleur sont coulés par le sous-marin U-549 avant qu’il ne soit lui-même coulé par les contre-torpilleurs USS Abrens et US Eugene E. Elmore.

En Angleterre, le rapport d’intelligence hebdomadaire des forces expéditionnaires alliées renferme une phrase qui donne des frissons :
« La tendance actuelle du déplacement des forces terrestres allemandes vers la région de Cherbourg tend à démontrer que la région Le Havre-Cherbourg est considérée comme point d’assaut probable par les Allemands, peut-être même le principal point d’assaut ».

On se demande si les Allemands ont réussi à percer le secret de l’opération Overlord. Une bonne nouvelle tout de même, la principale force de Panzer est toujours campée au nord-est de la Seine, avec la 15ème armée.

En préparation de Jour J, les bombardiers du 386ème groupe ont comme objectif la batterie de canons de 16 pouces située à Calais en France. Chaque bombardier transporte 2 bombes de 2000 livres chacune.

À Berlin, le maréchal Busch présente à Hitler la situation de son groupe d’armée du centre situé sur le front de l’Est. On y décèle des signes d’un rassemblement majeur des Soviétiques le long de la ligne occupée par le groupe d’armée centre. Hitler insiste sur la nécessité d’améliorer les fortifications défensives à Vitebsk, Polotsk, Rosh, Mogilev et Bobriusk, et de défendre la région à tous prix.

Au dessus de l’Allemagne, environ 400 bombardiers américains de la 8ème armée de l’air utilisent leur portée maximale pour attaquer des raffineries d’huile et de carburant synthétique en plusieurs endroits. Les dommages ralentissent considérablement la production de carburant pour les avions; le ministre de l’Armement, Albert Speer, évalue que la production est réduite de moitié. Il écrit au général Jodl :
« Je suis tourmenté par la pensée qu’un jour tous les ponts qui traversent le Rhin pourraient être détruits. Selon mes observations récentes, la densité actuelle des bombardements permettrait à l’ennemi d’y arriver. Quelle serait la situation si l’ennemi, après avoir coupé toutes les routes des armées campées dans les territoires occupés de l’ouest, décidait de débarquer dans la mer du Nord en Allemagne plutôt qu’au mur de l’Atlantique ? Un tel débarquement serait probablement réalisable, puisque l’ennemi possède déjà une absolue supériorité dans les airs, un pré requis essentiel pour un débarquement réussi sur le littoral nord de l’Allemagne. Ses pertes seraient certainement moindres qu’un assaut direct au mur de l’Atlantique. »

27 mai 2004

28 mai 1944

En Angleterre, en préparation pour le Jour J, les Alliés déplacent la zone de parachutage plus à l’ouest, chevauchant la rivière Merderet, avec comme objectif de s’emparer du territoire situé entre les rivières Merderet et Douve. Ce changement de zone est provoqué par l’arrivée de la 91ème division allemande dans le Contentin, à l’endroit où le 82ème groupe aéroporté devait être parachuté. C’est le commandant du 8ème régiment, James Van Fleet, qui a apporté cette information en examinant les nouvelles photographies aériennes de la plage Utah. Les Allemands travaillent avec acharnement pour renforcer leurs défenses, les photographies laissent entrevoir un terrible assaut contre l’acier et les canons. Van Fleet ne cesse de demander à la Marine de les déposer plus au sud, loin de ces défenses, mais le commandant de la Marine répond que l’eau y est trop peu profonde et que les bateaux vont s’enliser.

Les soldats qui attendent le Jour J s’impatientent, leur existence cloîtrée se limite aux éternels exercices, à se faire donner des ordres, aux bottes cloutées et aux chaussettes humides. Ils tentent de se convaincre qu’ils vont bientôt entrer dans l’Histoire et qu’un jour leurs enfants liront leurs exploits dans les livres d’histoire, mais ils n’en retirent que de faibles sourires. La rhétorique de Churchill à la radio les embarrasse, ils n’ont pas beaucoup d’espoir en ce nouveau monde, ils ne croient pas à une grande mission libératrice. Ils savent que ce sera un charnier et tout ce qu’ils désirent, c’est de mettre un terme à tout cela afin de revenir à la vie civile, à la maison, avec leur vie privée, leur femme et leurs êtres chers.

Toujours en préparation du Jour J, 56 bombardiers B-26 du 344ème groupe britannique attaquent des ponts et des chemins de fer qui mènent à la plage Omaha. Une des cibles principales, le pont RR à Paris, qui permet le passage d’une énorme quantité de trains vers Omaha, est détruit. La défense est brutale, 5 bombardiers B-26 sont abattus, il n’y a aucun survivant parmi les 31 membres des équipages.

En Italie, les forces alliées poursuivent leur offensive. Le 1er corps d’armée canadien capture Ceprano. De durs combats se déroulent partout sur le front. Plutôt que d’engager un combat d’arrière-garde en utilisant le 14ème corps allemand de Panzer et le 51ème corps de montagne, les Allemands se replient sur la ligne César à cause de la menace, sur leur arrière, posée par le 6ème corps américain à Anzio.

Au dessus de l’Allemagne, plus de 1000 bombardiers B24 de la 8ème armée de l’air attaquent des usines de carburant synthétique situées dans plusieurs villes près du Ruhr. Au total 30 cibles différentes sont attaquées, 864 bombardiers atteignent leurs objectifs.

De Sydney, le général MacArthur annonce que stratégiquement, la campagne de la Nouvelle-Guinée a été gagnée, même si de durs combats sont encore à venir.

26 mai 2004

27 mai 1944

En Italie, les Allemands contre-attaquent près d’Artena, mais la 3ème division américaine (du 6ème corps d’armée) tient bon et conserve la ville.

En France occupée, malgré l’étouffement de la vie culturelle par l’occupant allemand, un événement d’importance vient de se produire sur la scène théâtrale. Jean-Paul Sartre vient en effet de faire jouer la première de son drame « Huis clos ».

En Allemagne, le général et chef d’état-major Hans Speidel, le docteur Karl Stroelin, le protecteur du Reich de la Bohème et Moravie, Von Neurath et le général Erwin Rommel se rencontrent clandestinement. La réunion des quatre hommes a lieu à la résidence de Speidel à Freudenstadt. Ils sont tous swabians et cette affinité n’a pas seulement servie à rendre la réunion sympathique, elle a également contribué à un accord. Cet accord prévoit que Hitler doit être rapidement renversé et que Rommel doit se préparer à devenir le chef de l’État par intérim ou le commandant en chef des forces armées. Un certain nombre de détails sont discutés, incluant les plans pour contacter les Alliés afin de proposer un armistice; ainsi qu’un code permettant aux conspirateurs allemands de communiquer avec le quartier général de Rommel.

25 mai 2004

26 mai 1944

En France occupée, les bombardements alliés sur Lyon, Nice, Saint-Étienne et Marseille font 3760 morts. Les résistants français font exploser la station hydroélectrique qui alimente l’arsenal Tulle, la station est protégée par 40 soldats allemands.

À Berlin, Fritz Schmelter, cadre au ministère de l’armement, se plaint que pour la construction d’avions de chasse, le camp d’Auschwitz ne leur offre que des enfants, des femmes et des vieillards, qui ne sont pas très utiles.

En Italie, les Alliés continuent d’avancer malgré la résistance offerte par les Allemands. Le 10ième corps d’armée britannique (McCreery) capture Roccasecca. Le 1er corps canadien prend San Giovanni et atteint la rivière Liri. Le 2ème corps d’armée américain atteint Priverno. À Anzio, le 6ème corps américain progresse en direction de Lanuvio. La 3ème division américaine prend Artena, mais la défensive allemande les empêche d’avancer vers Valmontone. La 1ère division blindée américaine se montre trop faible pour organiser une avancée rapide vers Velletri.

Dans l’Atlantique nord, le sous-marin allemand U-541 arrête le paquebot portugais Serpa Pinto, qui transporte des réfugiés juifs au Canada. Deux citoyens américains sont supprimés et on ordonne à 385 autres d’embarquer dans les canots de sauvetage. Le sous-marin ayant contacté sa base (neuf heures se sont écoulées), on permet aux passagers de regagner le navire. Trois passagers meurent pendant la manœuvre, dont un bébé de 16 mois.

Aux Etats-Unis, l’Armée annonce que 100,000 prisonniers de guerres seront disponibles comme main d’œuvre et travailleurs de ferme.

24 mai 2004

25 mai 1944

En Italie, des patrouilles du 2ème corps d’armée américain rejoignent les forces du 6ème corps américain près de Latina (Pontine Marshes), de Anzio, les Allemands battent en retraite. Pendant son avancée, le 6ème corps capture Cisterna et Cori. La 10ème armée allemande risque à tout moment d’être coupée, le groupe d’armées C (Kesselring) envoi ses dernières réserves en renfort, la division « Hermann Goering ». La 5ème armée américaine (Clark) engage tout le poids de ses forces dans la capture de Rome. Pendant ce temps, la 8ème armée britannique traverse la rivière Melfa.

En Bosnie, Tito et ses partisans échappent de peu aux Allemands, ces derniers ont en effet lancé une unité de parachutistes sur le quartier général de Tito, près de Dvar, dans les montagnes. L’attaque est appuyée par des bombardiers allemands Stuka. Le chef des partisans ainsi que l’officier de liaison britannique, le major Randolph Curchill, ont pu échapper in extremis au coup de main allemand, ils se sont rendus en Italie à bord d’un appareil britannique. De là, Josip Broz Tito s’est rendu sur l’île de Lissa, où il réorganise son quartier général et reprend en main la coordination des troupes de partisans.

Des bombardiers B17 déploient la bombe guidée GB-1 lors d’une attaque sur Cologne, 116 de ces bombes planantes sont lancées sur la ville, les résultats sont décevants.

23 mai 2004

24 mai 1944

En Italie, la 5ème armée américaine et la 8ème armée britannique poursuivent leurs attaques. Le 1er corps d’armée canadien capture Pontecorvo et une partie parvient à atteindre la rivière Melfa, où ils y établissent une tête de pont. Le 2ème corps américain prend Taracina suite à une violente opposition de la 29ème division allemande de Panzergrenadier. À Anzio les forces du 6ème corps d’armée américain atteignent la route 7 près de Latina, au sud de Cisterna, toujours tenue par les Allemands. Pendant ce temps, au nord de Rome, des Spitfires de la RAF abattent 8 bombardiers allemands Fw190.

De Berlin, Hitler autorise Kesselring à se replier sur la ligne César.

Le SS Gottfried Weisse se fait rappeler les politiques du camp d’Auschwitz concernant le vol et la révélation d’informations secrètes.

22 mai 2004

23 mai 1944

En France occupée, la radio de Paris annonce que le système de chemin de fer est dans un chaos total, l'opération Choo-Choo, de l'aviation alliée, est donc un succès en France.

Hitler ordonne que la plus haute priorité soit accordée à la production de l’avion chasseur Do 335, dont la ligne de production est située à Oberpfaffenhofen.

En Italie, le 6ème corps d’armée américain de la tête de pont d’Anzio lance une attaque sur Cisterna. La résistance allemande fait de lourdes pertes chez les Alliés. Pendant ce temps la 5ème armée américaine poursuit ses opérations d’offensive. Le 2ème corps américain atteint Taracina. Le corps expéditionnaire français et le 1er corps d’armée canadien enfoncent la ligne Senger tenue par les Allemands. À la fin de la journée, les Canadiens parviennent à percer la ligne de défense.

21 mai 2004

22 mai 1944

En France occupée, des membres de la résistance française font exploser une station hydroélectrique à Bussy.

En Italie, la 5ème armée américaine poursuit son avancée. Le 2ème corps américain avance vers le nord le long de la côte et de la route 7. Le corps expéditionnaire français capture Pico. La résistance allemande se poursuit dans la vallée de Liri.

20 mai 2004

21 mai 1944

L’aviation alliée débute l’opération Choo-Choo, elle consiste en des raids systématiques en Allemagne et en France dans le but d’anéantir le ravitaillement par chemins de fer, de munitions et de matériel par les Nazi. Elle doit ainsi permettre de ramollir les lignes allemandes en prévision du Jour J.

Hitler ordonne à Goering que tous les pilotes alliés capturés après un atterrissage d’urgence et ayant mitraillé des trains de passagers civils ou des avions allemands, soient exécutés sans cour martiale.

En Italie, embarquée à Gaeta, une petite force américaine accoste à Sperlonga. Pendant ce temps, la 5ème armée américaine poursuit son attaque. Le 2ème corps américain capture Fondi pendant que le corps expéditionnaire français prend Compodimele. La résistance allemande dans la vallée de Liri et autour de Pico empêche des gains significatifs dans ces régions.

Catastrophe à Pearl Harbor, un incendie et des explosions tuent 127 personnes et en blessent 380 autres. Plusieurs barges de débarquement de chars sont détruites, 6 LST et 3 LCT, en plus du ravitaillement dont a urgemment besoin les forces d’invasion de Saipan.

19 mai 2004

20 mai 1944

Environ 5000 avions alliés attaque des aérodromes et des chemins de fer en France et en Belgique.

En Pologne occupée, lors d’un vol d’essai, un V2 tombe près de la rivière Bug située à environ 80 kilomètres de Varsovie. Des résistants polonais cachent la fusée avant que les forces allemandes arrivent pour la récupérer.

En Italie, les forces alliées de la 5ème armée américaine donnent l’assaut à la ligne Senger tenue par les Allemands. Le corps expéditionnaire français attaque Pico; le 1er corps d’armée canadien attaque Pontecorvo et le 2ème corps d’armée polonais attaque Piedimonte San Germano.

Le parti communiste aux États-Unis se dissout.

18 mai 2004

19 mai 1944

En Italie, les forces alliées de la 5ème armée américaine poursuivent leur avancée. Le 2ème corps d’armée américain capture Gastra Itri et Monte Grande. Le corps expéditionnaire français atteint presque Pico et combat pour Campodimele. Pendant ce temps, les blindées et l’artillerie britannique envahissent l’aérodrome d’Aquino, dans la vallée de Liri (au sud est de Rome), mais les canons antichars allemands repoussent la tentative de prendre la ville.

Joel Brand arrive à Istanbul pour une mission top secrète que lui a confiée Adolf Eichmann, afin de négocier une entente avec l’Angleterre pour échanger des juifs contre des camions. Il est immédiatement arrêté par la « Security Intelligence Middle East » britannique et incarcéré à Cairo.

240 Tsiganes, de Westerbrok Neth, sont amenés à Auschwitz.

17 mai 2004

18 mai 1944

En Italie, les troupes polonaises hissent leur drapeau rouge et blanc sur les ruines de Monte Cassino, qui est un symbole de la résistance allemande depuis le début de l’année. Après 24 jours de durs combats, l’imprenable Cassino tombe, deux armées allemandes sont vaincues, 20,000 soldats sont faits prisonniers, trois lignes de défenses sont brisées et une énorme quantité d’équipement allemand est détruite. Mais les pertes Alliées dans les quatre batailles se chiffrent à tout près de 21,000, incluant 4,100 soldats tués au combat. Le monastère historique Benedictine, que les Allemands ont utilisé comme poste d’observation pour l’artillerie, est détruit. L’abbaye est prise par les Alliés après un violent et difficile combat. Les troupes allemandes évacuent Monte Cassino.

À Berlin, le maréchal Von Rundstedt est nommé commandant en chef du groupe d’armées B (Rommel) et du groupe d’armées G (Blaskowitz).

16 mai 2004

17 mai 1944

En Italie, les forces alliées de la 5ème armée américaine poursuivent leur avancée dans la vallée du Liri. Piumarolo, Monte Faggeta, Esperia et Formia sont toutes capturées. Le 2ème corps d’armée polonais capture Sant'Angelo. Le corps d’armée expéditionnaire français est retenu loin d’Esperia, près de Monte d’Ore. La 10ème armée allemande (Vietinghoff) a été renforcée par 3 divisons provenant de la réserve du groupe d’armée C (Kesselring), mais est incapable d’arrêter les Alliées. Le commandement allemand décide de retraiter vers une nouvelle ligne de défense.

15 mai 2004

16 mai 1944

Les Alliés signent des accords avec la Belgique, les Pays-Bas et la Norvège concernant leur administration pendant la période suivant la libération.

Des avions du commandement naval britannique combattent des sous-marins allemands. Au total, 5 U-Boat sont coulés au large de la Norvège et 3 autres sont sérieusement endommagés.

En Italie, la majorité de la force alliée, de la 5ème armée américaine, rencontre une faible résistance lors de leur offensive. Seul le 2ème corps d’armée polonais a de la difficulté à Cassino. Le 13ème corps d’armée britannique et le 1er corps canadien, dans la vallée de Liri, avancent en direction de Pontecorvo et Piumarola. Le 2ème corps d’armée américain progresse le long de la côté ouest. Le corps d’armée expéditionnaire français capture Monte Petrella et avance vers Monte Revole.

Un avion russe bombarde des chemins de fer à Minsk.

14 mai 2004

15 mai 1944

Le plan de débarquement en Normandie est présenté aux chefs militaires et politiques britanniques par les américains, le plan porte le nom de code « Overlord ». La présentation est organisée par Montgomery et a lieu à son quartier général situé à l’école St-Paul. Churchill est présent, le Roi Georges VI, et tous les officiers d’état-major, amiraux et généraux des Etats-Unis, du Royaume-Uni et du Canada. Il est 9h00.

Montgomery préside dans une grande salle de lecture, l’audience est assemblée dans un auditorium en forme de croissant, regarde vers le bas; sur le plancher, Montgomery a déposé une immense carte en couleur de la basse Normandie. Churchill fume le cigare, lorsque le Roi pénètre dans la salle, Churchill le salue en s’inclinant de sa manière habituelle retenant son cigare d’une main.

Alors qu’ils prennent leurs sièges, la salle est calme et la tension palpable, la plupart d’entre eux croient qu’un plan comportant autant d’engrenages nécessitera une intervention divine. Un échec en un point pourrait déséquilibrer à lui seul le momentum et résulter en un chaos. Chacun dans cette salle est conscient de la gravité des éléments avec lesquels ils doivent composer.

Eisenhower parle le premier, il est bref. « J’aimerais mettre l’emphase sur une chose, je considère être le devoir de chacun, qui voit une faille dans le plan, de ne pas hésiter à en parler. » Son sourire vaut vingt divisions, devant la chaleur dégagée par sa confiance, la brume du doute se dissipe.

Montgomery parle le suivant, il porte un habit de combat bien taillé, il a l’air soigné et parle avec un ton assez insistant. Churchill l’interrompt occasionnellement pour le questionner, dans le but de démontrer ses connaissances militaires; à un certain moment, le premier ministre intervient avec un ton un tantinet ironique, « À Anzio nous avons débarqué 160,000 hommes et 25,000 véhicules et nous n’avons avancé que de 12 milles ». Il juge que prendre des risques de temps en temps ne peut pas faire de tort. Montgomery demeure délibérément silencieux.

Le message de Montgomery est le suivant : « Nous avons des troupes en nombre suffisant, nous avons tout l’équipement nécessaire, nous avons un excellent plan. C’est une opération militaire tout à fait normale dont le succès est garanti. Si quelqu’un a un doute dans son esprit, laissons-le derrière ».

Il est plus réaliste à propos du plan de Rommel qu’en avril dernier, alors qu’il croyait que l’ennemi retiendrait ses chars quelques jours. Aujourd’hui il en dit : « Rommel est un commandant énergique et déterminé, il a fait toute la différence depuis qu’il a pris le commandement. Il est le meilleur pour gâcher une attaque, sa force est la perturbation, il est trop impulsif pour une bataille bien planifiée. Il fera comme à Dunkirk en se servant de ses chars très en avant. Nous avons l’initiative, nous devons compter sur : la violence de notre assaut, notre énorme pouvoir de support à l’attaque par la mer et les airs, la simplicité et notre mentalité de fer ».

Il poursuit avec quelques mots (qui le hanteront par la suite pour le reste de ses jours) : « Nous devons débarquer en force et rechercher une position confortable avant que l’ennemi puisse apporter des réserves suffisantes pour nous repousser. Les colonnes armées doivent pénétrer profondément et rapidement à l’intérieur des terres le Jour J. L’ennemi sera surpris par ce plan et le tiendra éloigner pendant que nous nous renforçons. »

La présentation se termine à 14h15 et met fin à la plus grande assemblée de dirigeants militaires que le monde ait connu. Churchill est gonflé à bloc.

Pendant ce temps, le général Allemand Rommel écrit à sa femme Lucie, en parlant de la possibilité d’un débarquement : « Nous sommes déjà à la mi-mai, toujours rien, je crois que nous devrons attendre encore quelques semaines ».