14 mai 2004

15 mai 1944

Le plan de débarquement en Normandie est présenté aux chefs militaires et politiques britanniques par les américains, le plan porte le nom de code « Overlord ». La présentation est organisée par Montgomery et a lieu à son quartier général situé à l’école St-Paul. Churchill est présent, le Roi Georges VI, et tous les officiers d’état-major, amiraux et généraux des Etats-Unis, du Royaume-Uni et du Canada. Il est 9h00.

Montgomery préside dans une grande salle de lecture, l’audience est assemblée dans un auditorium en forme de croissant, regarde vers le bas; sur le plancher, Montgomery a déposé une immense carte en couleur de la basse Normandie. Churchill fume le cigare, lorsque le Roi pénètre dans la salle, Churchill le salue en s’inclinant de sa manière habituelle retenant son cigare d’une main.

Alors qu’ils prennent leurs sièges, la salle est calme et la tension palpable, la plupart d’entre eux croient qu’un plan comportant autant d’engrenages nécessitera une intervention divine. Un échec en un point pourrait déséquilibrer à lui seul le momentum et résulter en un chaos. Chacun dans cette salle est conscient de la gravité des éléments avec lesquels ils doivent composer.

Eisenhower parle le premier, il est bref. « J’aimerais mettre l’emphase sur une chose, je considère être le devoir de chacun, qui voit une faille dans le plan, de ne pas hésiter à en parler. » Son sourire vaut vingt divisions, devant la chaleur dégagée par sa confiance, la brume du doute se dissipe.

Montgomery parle le suivant, il porte un habit de combat bien taillé, il a l’air soigné et parle avec un ton assez insistant. Churchill l’interrompt occasionnellement pour le questionner, dans le but de démontrer ses connaissances militaires; à un certain moment, le premier ministre intervient avec un ton un tantinet ironique, « À Anzio nous avons débarqué 160,000 hommes et 25,000 véhicules et nous n’avons avancé que de 12 milles ». Il juge que prendre des risques de temps en temps ne peut pas faire de tort. Montgomery demeure délibérément silencieux.

Le message de Montgomery est le suivant : « Nous avons des troupes en nombre suffisant, nous avons tout l’équipement nécessaire, nous avons un excellent plan. C’est une opération militaire tout à fait normale dont le succès est garanti. Si quelqu’un a un doute dans son esprit, laissons-le derrière ».

Il est plus réaliste à propos du plan de Rommel qu’en avril dernier, alors qu’il croyait que l’ennemi retiendrait ses chars quelques jours. Aujourd’hui il en dit : « Rommel est un commandant énergique et déterminé, il a fait toute la différence depuis qu’il a pris le commandement. Il est le meilleur pour gâcher une attaque, sa force est la perturbation, il est trop impulsif pour une bataille bien planifiée. Il fera comme à Dunkirk en se servant de ses chars très en avant. Nous avons l’initiative, nous devons compter sur : la violence de notre assaut, notre énorme pouvoir de support à l’attaque par la mer et les airs, la simplicité et notre mentalité de fer ».

Il poursuit avec quelques mots (qui le hanteront par la suite pour le reste de ses jours) : « Nous devons débarquer en force et rechercher une position confortable avant que l’ennemi puisse apporter des réserves suffisantes pour nous repousser. Les colonnes armées doivent pénétrer profondément et rapidement à l’intérieur des terres le Jour J. L’ennemi sera surpris par ce plan et le tiendra éloigner pendant que nous nous renforçons. »

La présentation se termine à 14h15 et met fin à la plus grande assemblée de dirigeants militaires que le monde ait connu. Churchill est gonflé à bloc.

Pendant ce temps, le général Allemand Rommel écrit à sa femme Lucie, en parlant de la possibilité d’un débarquement : « Nous sommes déjà à la mi-mai, toujours rien, je crois que nous devrons attendre encore quelques semaines ».

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